Artiste sculpteure mexicaine : son travail appartient à un
territoire où la sculpture et l’architecture se rencontrent et se chevauchent, entre le monument et la ville, entre l’ornementation et la fonctionnalité. D'une certaine manière son oeuvre renvoie à la tradition mexicaine qui tend à rapprocher ces deux disciplines jusqu'à les confondre. Ses prédécesseurs, Juan O´Gorman, Luis Barragán, Mathias Goeritz, Ricardo Regazzoni ou Alberto Kalach, nous en ont donné de bons exemples, depuis les deux côtés de cette frontière intangible qui permet de convertir une bibliothèque en peinture murale, un mur en monument ou des tours en icônes urbains.
Artiste céramiste mexicaine : ses sculptures et ses installations organiques déconstruisent les codes et les langages existants à travers une représentation symbolique de la réalité et de la nature. L’impulsion créatrice d’un projet jaillit d’une réflexion sur des inquiétudes, des préoccupations et des rêves distincts. Son approche visant un résultat possible est bien plus intuitive que rationnelle. En brisant les codes culturels établis qui filtrent sa perception de la réalité, elle afirme que la tâche de l'artiste consiste à essayer de «penser autrement». Selon elle, il faut déconstruire les langages culturel et artistique établis pour créer quelque chose de nouveau. Toute expérience artistique a besoin en même temps de la maîtrise du symbolisme établi et de sa modification.
Compositeur et pianiste expérimental, il crée des musiques originales diffusées dans le cadre d’installations et d’environnements sonores, de concerts-performances, d’expositions picturales et multi-médias, de festivals de films et vidéos d’art. Il a en outre été à plusieurs reprises, récipiendaire de bourses du Ministère des Affaires Culturelles du Québec et du Conseil des Arts du Canada.
Peintre et sculpteur : sculpter en taille directe dans un arbre, accompagné de sa résonance et de ses odeurs, inévitablement, sa création dévoile des motifs primitifs et amérindiens. Le rythme battant du ciseau dans le bois lui révèle aussi un sens du sacré de la sculpture.
CONFÉRENCIERS 2012
Jean Désy Crédit photo : Isabelle Duval
Jean Désy est né au Saguenay en 1954. Depuis, il vogue entre le Sud et le Nord, entre les mondes de l’autochtonie et de la grande ville, entre l’écriture et l’enseignement, entre ses enfants et ses amours, tous éparpillés au gré de leur propre nomadisme. Jean Désy enseigne à l’Université Laval en médecine et en littérature. Parmi ses dernières parutions, deux essais et un roman, chez XYZ éditeur : L’esprit du Nord/Propos sur l’autochtonie québécoise, le nomadisme et la nordicité, en 2010, Vivre ne suffit pas, une anthologie préparée par des professeurs du cégep de Sainte-Foy et réunissant des textes sur la médecine et la poésie, au printemps 2011, et enfin Nepalium tremens, un roman dont l’action se déroule dans l’esprit enfiévré d’un voyageur qui passe à deux doigts de mourir au Népal.
Henri Dorion Crédit photo : Brigitte Boudreault
Henri Dorion, géographe, juriste, musicien, a enseigné dans plusieurs universités québécoises et étrangères, et est l’auteur de nombreuses publications. Il a réalisé plusieurs expositions internationales au Musée de la Civilisation de Québec, a dirigé des organismes de gestion toponymique, au niveau régional, national et international. Sa carrière a aussi été soulignée par de nombreux prix.
Pierre Nepveu Crédit photo : Studio photo rose, Montréal
Pierre Nepveu est poète, essayiste, romancier, et il a enseigné la littérature à l’Université de Montréal. Il est l’auteur de nombreux essais, dont Romans-fleuves (1997), Lignes aériennes (2002) et Verbes majeurs (2009), aux Éditions du Noroît. Il a aussi consacré une biographie à Gastion Miron, aux Éditions Boréal en 2011. Il a obtenu de nombreux prix et est membre de l’Académie des lettres du Québec.
Michel Allard Crédit photo : Journal UQÀM
Détenteur d’un doctorat en histoire, Michel Allard est professeur retraité de l’UQÀM, où il demeure professeur associé en éducation et en muséologie. En plus de donner des conférences au Québec et à l’étranger sur l’histoire et l’éducation muséale, il participe à la rédaction d’articles et d’ouvrages consacrés à l’histoire de l’éducation au Québec.
Manon Regimbald Crédit photo : Melvin Charney
Manon Regimbald : professeure associée au département d’histoire de l’art à l’UQÀM et directrice générale du Centre d’exposition de Val-David. Elle a organisé plusieurs expositions et publié de nombreux textes dans une perspective interdisciplinaire. Préoccupée par l’art du paysage et des jardins, elle s’intéresse à la problématique du lieu ainsi qu’aux chevauchements entre le texte et l’image.
ARTISTES 2011
Artiste : Jean-Jules Soucy
Origine : La Baie (Québec)
Résidence : La Baie (Québec) Crédit photo : John Ohis
Jean-Jules Soucy a travaillé régulièrement avec la communauté de La Baie (région du Saguenay) motivé par un sentiment d’appartenance indéfectible avec sa ville natale. La Baie demeure une inspiration et un «matériau» de prédilection. Au tournant du millénaire, le monument permanent la Pyramide des Ha ! Ha ! y a émergé. Profondément ancré dans son époque, l’artiste manie et multiplie les calembours visuels et langagiers à géométrie variable. A, B, C et D sont ses lettres préférées dont il forme des combinaisons infinies, répertoire auquel il a récemment additionné les initiales M.D. Adepte du recyclage des idées et des objets, il confère une deuxième vie à des matériaux pauvres ou laissés pour compte. De vastes collectes sélectives ou sollicitations sont à l’origine d’installations à grand déploiement où la participation citoyenne est de mise. Soucy conjugue l’art
son histoire et sa fonction et la vie avec agilité.
Jean-Denis Boudreau partage avec son prochain certains maux de la société contemporaine mais y répond par des solutions face aux affres de la vie sur terre comme du passage de vie à trépas. Ses moyens : astuces, truquages, alternatives absurdes, signalisations graphiques, instructions à suivre et infiltrations en galerie ou sur le domaine public, seul ou avec le Collectif Taupe avec qui il collabore (Jennifer Bélanger, Angèle Cormier, Mario Doucette). Petites tâches anodines ou grands desseins, rien n’échappe à cet artiste-chercheur dont l’oeuvre-laboratoire tente de fixer nos dysfonctions quotidiennes. Sans prétention, plutôt bon enfant, l’humour de l’artiste ne cache pas la gravité de son/notre rapport au monde. Sa vision programmatique s’avère sans fin: quels sont les remèdes à la culture de la consommation ? comment exprimer un art pour tous? À la fois alibi introspectif et réelle attention au monde, l’artiste investigue comment nos vies sont construites.
Artiste : José Luis Torres
Origine : Córdoba
Résidence : Montmagny (Québec)
José Luis Torres affirme concevoir des sculptures. Son matériau récurrent est le bois, non transformé et laissé à nu, dans des assemblages qui évoquent au premier abord tantôt des sites en construction tantôt des aménagements mobiliers. Confusion heureuse entre design d’environnement, architecture du paysage et installations immersives, son travail invite en premier lieu à un positionnement expérientiel. En effet, l’artiste crée des aires de «je» et de «nous»: le visiteur se meut dans ses «déambulatoires» (dont tout aspect religieux relié à ce terme est évacué). Torres dessine des espaces ouverts dans des espaces connotés (galerie-dans-la-galerie-d’art, galerie-dans-la-nature) que le visiteur active. Les titres de ses oeuvres indiquent clairement le spectre de sa démarche: Échanges, Dérives, Lieux de passages, Paysages portatifs, etc. Les préoccupations de Torres oscillent entre l’empreinte de l’être humain dans son rapport au monde et la mobilité comme question de survie.
Formé par Jasmin Bilodeau, Sébastien Giguère et Nicolas Laverdière, le collectif BGL est connu pour ses installations immersives, sculptures, photographies et performances alliant commentaires sociopolitiques et humour non feint. Avec aisance, emphase et extravagance, le trio s’approprie des lieux d’exposition et des espaces publics (dits «naturels» ou policés). Incorporant plus souvent qu’autrement des objets trouvés dans leurs environnements, les thèmes récurrents sont les effets de la surconsommation, l’environnement en péril, mais aussi la mort, le vrai et le faux et le rôle de l’art dans la société. Sans hiérarchisation, ils fusionnent folklore et design. Ils miment le réel pour mieux le déconstruire, rendent fascinant le trivial. Loin d’assommer le regardeur, le collectif le déroute à tout coup: entre inconfort, évidences et points de vue oscillant entre premier et deuxième degré. BGL n’a pas de chef: éternels adolescents, le trio fomente ses «mauvais» coups entre amis.
En fine spécialiste, Pascale Girardin utilise l’argile et les techniques ancestrales de poterie pour créer tous azimuts tant dans le domaine des arts de la table (gamme de vaisselle à usage domestique) que celui des arts visuels et du design (oeuvres architecturales intégrées). Elle trace un parcours totalement inusité dans le monde de la céramique en alternant la production du plus petit objet fonctionnel et d’installations majestueuses (un plafonnier de 100 pieds, une murale de 400 pieds carrés). Ses motifs récurrents évoquent un foisonnement organique (branches, pétales, coraux à la palette de couleur intemporelle) où une apparente rudesse contraste avec la fragilité et la tactilité sensuelle des reliefs. En atelier, le partage et la transmission des compétences avec ses apprentis complices lui sont capitaux. Investie dans l’événement valdavidien 1001 pots depuis l’an 2000, elle «traverse la rue» cette année pour rejoindre le Symposium pour la première fois avec une proposition spatiale en plein air.
Terrance Houle est un artiste interdisciplinaire, membre de la Blood Tribe. Impliqué dans les communautés autochtones à plusieurs titres, il a visité de nombreuses réserves au Canada et aux États-Unis afin de participer à des cérémonies dont la danse du pow-wow.
Par ses peintures, dessins, vidéos/films, installations, performances, sa musique et d’autres oeuvres de médiums mixtes, il pulvérise les perceptions entourant les notions de culture et de race. Il traverse ou détourne les frontières en métissant traditions et contemporanéité sans omettre humour vif et autodérision salutaire. Diplômé en Textile, sa démarche est celle du lien, allant de la famille à la communauté. Coutumes et costumes, aliénation et assimilation, représentations «officielles» et autofictions, passé et présent se confondent sans recherche d’aucun raccord ou synchronisation. À la fois dedans et en-dehors mais sans rupture. Prolixe et ubiquiste, Terrance Houle multiplie les casquettes et se joue des étiquettes.
Artiste : Cal Lane
Origine : Halifax (Nouvelle Écosse)
Résidence : New York (États-Unis) Crédit photo : Galerie Art Mûr
Avec ses sculptures et ses installations, Cal Lane réconcilie et fusionne High et Low Art, industrie lourde et arts décoratifs, usinage et artisanat, pénibilité du travail et passe-temps, profane et sacré, brutalité et raffinement, pollution et séduction, masculinité et féminité. Son matériau fétiche est le métal, lourd de préférence, qu’elle recycle et auquel elle confère une seconde nature : entre autres, poutres en acier (I-beam), conteneur, carcasse d’automobile, bidons, charriots, etc. Son objectif? Les domestiquer, les tordre et les enluminer par ses caresses au chalumeau. Avec une habileté féroce, le geste appropriationniste de l’artiste métamorphose certaines traces impures de notre temps. L’opération soude les extrêmes (plein et vide, rudesse et sensualité) et repositionne le travail traditionnel des femmes dans l’histoire. Initialement inspirée par sa grand-mère et ses napperons au crochet, les ornementations de l’artiste-dentellière font apparaître des mappemondes et des motifs iconographiques médiévaux ou religieux. Entre monumentalité et éphémérité, Cal Lane dessine et grave du temps recomposé.
Betsabeé Romero crée des peintures, des gravures, de la photographie et des installations. Elle est reconnue pour «customiser» des automobiles, son ready-made de prédilection qu’elle se décarcasse à enjoliver. Elle opère des rapprochements transhistoriques, par exemple en gravant sur le caoutchouc de pneus des motifs préhispaniques ou des signes hiéroglyphiques utilisés par la suite comme tampons encreurs roulants. Ses préoccupations formelles fécondes (dissection, ornementation, transposition) ne s’entendent pas sans un questionnement d’enjeux sociaux fondamentaux (précarité, violence, sécurité). Un des mythes de l’Amérique s’avère un fléau : le véhicule automobile qui induit à la surconsommation, au surendettement, à la pollution, aux contradictions d’une valeur comme la vitesse. Hors galerie, elle s’aventure à des installations «Site-specific» et à des ateliers avec des artistes ou des interventions urbaines conçues avec des communautés. Par ses projets en art public, elle rejoint des publics alternatifs au monde de l’art. «Ville-monde», Mexico l’inspire en tous points.
Compositrice: Cristina García Islas Crédit photo : Olivier Maranda
Née à Mexico, Cristina Garcia Islas commence la musique à 5 ans. Elle poursuit plus tard ses études à la Escuela Superior de Musica du Centre National des Arts où elle obtient un diplôme en composition. Au cours de sa formation, l’excellence de son travail lui vaut de nombreux prix et bourses. En 2005, Cristina Garcia Islas déménage au Canada pour étudier au Conservatoire de musique de Montréal auprès de Michel Gonneville. Son œuvre est très variée, allant d’œuvres pour petites formations instrumentale à des musiques électroacoustiques et de grand orchestre. Elle fait actuellement un doctorat à l’Université de Montréal sur l’introduction d’instruments musicaux et d’objets sonores du Mexique préhispanique dans la musique savante contemporaine.
Née en 1947, Joséphine Bacon est Innue de Betsiamites. Elle vit à Montréal. Réalisatrice de films documentaires (Mishtikuashisht - Le Petit Grand Européen: Johan Beetz, ONF, 1996), elle est également poète et parolière de chansons interprétées par Chloé Sainte-Marie, parmi lesquelles Mishapan Nitassinan. Elle a fait paraître une suite de poèmes dans le livre Aimititau! Parlons-nous! (Mémoire d’encrier, 2008). Elle a publié le recueil bilingue Bâtons à message /Tshissinuatshitakana qui a connu un grand succès (Mémoire d’encrier, 2009). Pour son poème «Dessine-moi l’arbre», tiré de ce recueil, Joséphine Bacon a reçu le Prix des lecteurs du Marché de la Poésie de Montréal en 2010. Plus récemment, elle a écrit le recueil Nous sommes tous des sauvages avec José Acquelin (Mémoire d’encrier, 2011).
Dinu Bumbaru est un diplômé en architecture et en conservation. Depuis 1982, il oeuvre à Héritage Montréal, un organisme indépendant dont l’action promeut la protection, la mise en valeur et l’enrichissement du patrimoine bâti, urbain ou paysager de la région montréalaise par une action éducative et incitative auprès des citoyens, des décideurs et des investisseurs. Actif au sein d’autres organisations dont Les amis de la montagne, la Fédération Histoire Québec et Culture Montréal, il complète son engagement par une action internationale dans le cadre du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS), organisation consultative de l’UNESCO dont il fut le Secrétaire Général.
Denys Delâge
Denys Delâge est professeur émérite au département de sociologie de l’Université Laval. Il travaille à l’histoire des réseaux d’alliance franco et anglo amérindiens centrés à Montréal. Il a publié Le Pays renversé, Amérindiens et Européens en Amérique du Nord-Est 1600-1664. Il a aussi signé, avec Jean-Pierre Sawaya, Les Traités des Sept Feux avec les Britanniques, Droits et pièges d’un héritage colonial. Il collabore régulièrement à la revue Recherches Amérindiennes au Québec : histoire des Hurons de Lorette (Wendake), de la Grande Paix de Montréal de 1701, de la Fédération des Amérindiens domiciliés dans la basse vallée du Saint-Laurent, de la justice coloniale et les Amérindiens.
Gérald Grandmont
Gérald Grandmont est présentement professeur associé aux HEC Université de Montréal ainsi qu’à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il a occupé le poste de sous-ministre adjoint aux politiques, aux sociétés d’État et au patrimoine au Ministère de la Culture et des Communications du Gouvernement québécois de 2000 à 2008. Il est membre du Comité d’histoire du Ministère de la Culture et de la Communication de France. Il a donné plusieurs conférences, publié plusieurs articles sur les politiques culturelles et le patrimoine. Il est co-auteur, avec Jean Davallon et Bernard Schiele, du livre L’environnement entre au musée.