À la création des Jardins du précambrien, j’avais 59 ans, j’en aurai 80 en 2016. Il faut penser à la pérennité, aux enfants et petits-enfants, aux publics. D’ailleurs, je pensais à eux lors de cette création, et aux artistes des Amériques. Cet engagement sur l’américanité, c’est une position sociologique et historique. J’avais fait le tour de ma migration. De ma formation au Mexique en 1955, j’avais fait le choix de l’Amérique et du rapport à l’autre et aux publics. Quel plaisir pour l’artiste de voir nos visiteurs s’imprégner de l’art de la nature, de musique et de poésie en se promenant dans les sentiers que j’ai dessinés pour eux! J’ai concrétisé cet enracinement dans une communauté en créant une œuvre à l’échelle du territoire. Ma découverte durant mes voyages fut que nous étions tous du même continent, Pérou, Mexique, Chili, Venezuela, etc., rencontres avec les cultures amérindiennes métissées. En créant les Jardins du précambrien, je désirais rejoindre cette identité commune des Amériques. Il y a eu colonisation, décolonisation, rencontre et métissage; voilà ce que nous sommes et reconnaissons chez tous les artistes invités depuis vingt ans à nos symposiums internationaux multidisciplinaires. C’est se réconcilier avec les Amériques, participer à cette création des artistes. Votre regard donne vie aux lieux.

René Derouin
Fundador y Director